Fantasy & Fantastique

17 septembre 2006

PSYCHOVISION, 2006

Oyez, oyez gentes dames et damoiseaux, venez écouter la chanson de Duncan D’Irah qui, pour l’amour de la belle reine de Nicée, Maryanor, se vit pris dans multiples aventures, liées à l’île de Nopalep’em Brode.
Pour ceux qui auraient déjà entendu la chanson des Chroniques Insulaires, ce nom n’est pas inconnu. Mais si comme moi, sans connaître au préalable les faits et gestes de ceux qui peuplent cette île fabuleuse, vous voulez vous jeter sur les écrits de Claire Panier Alix, c’est faisable et vous y prendrez même un plaisir certain. Car il nous faut reconnaître à cette écrivaine tous les talents qui font une grande conteuse et nous lui pardonnerons aisément les quelques longueurs qui se glissent dans ce précieux ouvrage.
Mais reprenons, si vous le voulez bien, le fil de notre histoire.
Duncan, le beau et loyal roi d’Irah, répond à l’appel de Maryanor, reine de Nicée. Que n’a-t-il pas fait là ? Le voilà pris dans un ensemble d’aventures, qui vont des turpitudes de l’amour aux affres de la guerre, avec entres autres de sublimes luttes contres les trolls ou bien des villes assiégées, grand moment épique où la bravoure de ce fier roi est décuplée pour notre plus grand bonheur. Mais il y a aussi de l’amitié et ce que cela incombe et des trahisons terribles. Le destin de l’île de Nopalep’em Brode se dessine alors ici, fabuleux, médiéval, guerrier et génialement dessiné par cette auteure que je découvre en ce jour.
Les descriptions sont précises, claires et habilement faîtes. Nous pénétrons un quotidien moyenâgeux, sa politique, ses religions, ses fastes faits de tournois où les hommes, fiers, s’en vont remettre leur honneur entre l’épée et la lance.
Voilà ici retranscrit toute la légende du roi d’Irah et de ses amis et ennemis.
Si la reine Maryanor ne sort pas grandie de cette histoire, elle nous émeut toutes fois à plusieurs reprises. Obligée de se marier à un autre que Duncan pour sauver son royaume, et puis elle devient traîtresse sans jamais renier cet amour véritable qu’elle a pour le beau Duncan. Voilà un couple d’amants maudits qui renoue avec une certaine tradition, tels que Tristan et Iseult, sans que nous puissions toutefois pleinement les comparer.
Voilà donc une histoire tragique, remplie de rebondissements et de personnages tous aussi attachants les uns que les autres. Dans cette chanson de geste, une seule chose à regretter, c’est quand même certaines longueurs qui peuvent un peu rebuter. Mais le style de Claire Panier-Alix est simple, compréhensible et Sang D’Irah, même pour ceux qui n’ont pas lu les Chroniques Insulaires, se lit facilement et on y prend grand plaisir.
Ici, pas de magie, pas d’Orcs, de Nains et consorts, mais plutôt des manipulations politiques, des amours contrariés et quelques combats dignes des films Braveheart ou Gladiator.
La force de Claire Panier-Alix est de réussir à enfermer dans un petit espace, une île, tout le genre humain et de disséquer ses forces et ses faiblesses, prouvant parfois le ridicule de l’espèce animal que l’on nomme Homme. Et ce n’est pas toujours beau à voir. Heureusement pour nous, il nous reste comme échappatoire la fantasy et entre autre celle de Claire Panier-Alix, c’est pourquoi je vous laisse ici et que je m’en vais de ce pas découvrir ce qui pourrait bien être un chef-d’œuvre, c'est-à-dire les chroniques insulaires.

l'Hystrion, Christophe Besly, 2006

"Aborder les chroniques Insulaires de Claire Panier Alix, c’est se préparer à entrer dans de la très grande Fantasy. Ce qu’on appelle de la fantasy pour lecteurs avertis, ayant un minimum de connaissances tant sur le genre qu’en philosophie. Fresque époustouflante, protagonistes humains jusqu’à en devenir terribles, thématiques humanistes, narration à la plume magistrale... Tout cela, mélangé avec soin par l’auteure, ne peut qu’amener le lecteur dans un état de dépendance absolu.
L’histoire, épique au départ ne cesse de surprendre par la profondeur et la complexité d’une quête multiverselle qui nous éloigne, et c’est tant mieux, des blockbusters qui inondent le marché depuis quelques années."

ATEMPOREL.COM, mai 2006


Un roman de fantasy au style flamboyant, beaucoup de profondeur. Il me semble que Claire Panier-Alix lève le coin du voile et se livre, ou se délivre, pour notre régal… Un livre qui invite à revisiter nos propres mondes, ceux que nous ont hantés ou qui nous ont été ouverts, dès notre tendre enfance, comme une promesse qu’il n’est peut-être pas trop tard pour tenir… Un rendez-vous à ne pas manquer…

LEFANTASTIQUE.NET, janvier 2006


Duncan d’Irah accède au trône de son petit royaume en des temps bien difficiles : la reine Maryanor de Nicée, sa promise et suzeraine a, sous l’instigation du Temple de Jade, déclaré la guerre aux trolls lycanthropes du Kursthan. Duncan, épris de justice et de liberté, désapprouve ces choix. D’autant plus qu’ils sont dictés à Maryanor par les prêtres du Temple et que ceux-ci, lorsqu’ils comprennent que les trolls se sont alliés aux Orkaziens, barbares vivant dans le désert, sous la coupe d’un Homme-Dieu, poussent Maryanor à s’unir à cet Homme-Dieu, Sail, grâce à leur magie, l’Ultime Partage.

"Encore deux saisons et ils serait lié à Maryanor par les liens sacrés. Dès lors, les prêtres tenteraient de s’emparer d’Irah, prétendraient que les frontières n’existaient plus[…] Le prince d’Irah était prêt à en découdre pour préserver l’indépendance de son peuple, mais il ne se sentait pas capable de renoncer à Maryanor."
Sang d'Irah, par Claire Panier-Alix
Claire Panier-Alix est une écrivaine de fantasy française spécialisée dans les légendes arthuriennes et la Terre du Milieu de Tolkien. Après avoir écrit les Chroniques Insulaires, nombre de ses lecteurs lui réclamaient l’histoire de Duncan, le mythique roi d’Irah, sa vie réelle hors des légendes rattachées à son nom. Voilà qui est chose faite ! Avec Sang d’Irah, la Préquelle aux Chroniques Insulaires, c’est toute la vie du roi d’Irah, sa lutte pour la préservation de ses idéaux, ses combats sans fin pour la protection de son royaume et celui de Nicée, son amitié étrange avec Sail d’Orkaz et ses amours contrariées avec Maryanor de Nicée.

Tout au long de l’histoire, on retrouve le thème du chevalier noble et loyal, tel qu’on le connaît dans les chansons de geste. Malgré son côté monolithique, Duncan reste un personnage humain dont les convictions lui apportent plus souvent déception et regrets que bonheur. L’irruption du personnage rocambolesque de Nicolas de Talmont, celui qui arrachera Maryanor à Duncan, replace l’histoire et l’île de Nopalep dans notre monde actuel et fait dériver le récit dans notre contexte historique, lui donnant une dimension supplémentaire.
C’est un excellent livre, dont on espère pouvoir bientôt lire la suite : Sand d’Irah II – l’Etendard en lambeaux.

NOOSFERE, 2004


 Les Chroniques Insulaires de Claire Panier-Alix arrivent à leur terme avec Le Roi Repenti, qui fait suite à L'échiquier d'Einär et à La Clef des Mondes. Hélas, le roi d'Irah ne s'occupe plus guère de son royaume. Tandis que des ombres effacent littéralement des pans entiers de son royaume, il erre, endormi, dans l'Endomonde, un espace où il a le pouvoir de recréer son épouse disparue, sans s'occuper de Pavel, son plus jeune fils, menacé par un complot, ni de Pietê, l'aîné, qui tente avec quelques fidèles de sauvegarder le pays.
     Après un retour liminaire un peu long sur les évènements des deux tomes précédents, vient une partie captivante dont le protagoniste est un être insectoïde d'un autre monde, Artus, le frère de la reine Ophyr. Il observe l'irruption dans son monde de créatures à la forme étrange — des humains — puis traverse la “porte” et pénètre dans un de leurs univers pour y découvrir Pavel. La rencontre entre ces deux êtres si semblables et si différents à la fois apporte, dans cette histoire très marquée par les souffrances du roi d'Irah, une chaleur bienvenue. Les péripéties qui s'ensuivent n'en deviennent que plus intéressantes.
     Les pensées, modes de vie, réactions de cet être sont un régal de lecture après des intrigues de cour au goût de déjà-vu. Il semble que Claire Panier-Alix ait voulu à tout prix bâtir une histoire classique, un peu comme si elle ne s'autorisait pas à plonger le lecteur dans ses rêves. On a donc une première partie peu convaincante, qui risque de faire fuir le lecteur, à moins qu'il n'ait été accroché par les volumes précédents. Et ce serait dommage car une fois passé ce premier tiers arrive une histoire passionnante.

Lucie CHENU
Première parution : 1/10/2004
nooSFere

FANTASTINET, 2006



Résumé de l'Histoire :
Lorsque les Kurstanais décident d'attaquer Nicée, il est clair que les ravages effectués dans les forêts des trolls ne sont pas étrangers à la décision.
S'alliant avec Orkaz, et son peuple du désert, les carnages que feront les armées ennemies pousseront Duncan d'Irah, roi d'Irah et promis de Maryanor - la reine de Nicée - à prendre part au combat avec ses chevaliers.
Les prêtres de l'Ordre de Jade, grandement responsables de la situation actuelle, ressortiront de vieux rites pour régler le problème.
Mais pour combien de temps et quels en seront les conséquences...

Notre Avis :

Préquelle du cycle des Chroniques insulaires, Claire Panier-Alix nous livre ici le premier volume des aventures du peuple d'Irah.
Un roman d'Héroïc Fantasy qui tient toutes ses promesses et même plus.
Les personnages que nous livre ici Claire sont rongés par leurs peurs et leurs angoisses, sont faillibles et sont loin des habituels héros : ils souffrent, ils commettent des erreurs et sont responsables de situations toujours plus dramatiques.
Contrairement aussi à ce qu'on a l'habitude de voir dans les trilogies, ce premier volume ne se contente pas de poser les bases de la suite, mais existe en lui-même : l'histoire se suffit en elle-même et peut être lue sans avoir à acheter la suite (mais vous verrez qu'il serait dommage de ne pas continuer...)
Nous retrouvons donc tous les ingrédients d'un roman réussi : action bien décrite, personnages soignés, décors bien plantés et ennui totalement absent.
Vous pourrez vous apercevoir que le thème de la peur de l'Autre, de l'Etranger (ici les orkaziens) existe même dans les mondes imaginaires. Nous pourrons assister à la fraternisation de deux hommes que tout opposait, ennemis d'hier, ils deviendront le salut de Nicée...
Le thème de l'amour est aussi largement présent, mais pas cet amour larmoyant et trop conte de fées... L'amour qui existe entre Sail et Maryanor est un amour forcé, politique alors que l'amour entre Maryanor et Duncan est un amour profond et bientôt bafoué : il sera le moteur de la rage et de la ténacité de Duncan.
La politique et la religion ne sont pas non plus absentes, emmêlées et imbriquées, trahisons et retournements sont au rendez-vous.
Mais ne vous dévoilons pas tout, il faut le lire, c'est tout :)
J'attends la suite avec une impatience certaine...

Allan Dujiperou

ARCANES FANTASY, juin 2004


Einär est un Dieu-rêveur. Il tisse le destin de tout-un-chacun dans le Grand Livre sacré, la Chronique Insulaire, où il imagine trois Mondes distincts : celui des Dieux, Nogard, celui des mages et des créatures sacrées, Modar'Lach, et celui des hommes, Nopalep'am Brode. Son objectif est d'opérer la Scission de ces Mondes afin de protéger Modar'Lach des aspects les plus noirs de Nopalep'am Brode. Mais tous ceux capables d'écrire dans la Chronique Insulaire ne sont pas forcément en accord avec Einär...

Plus qu'un simple cycle de (High) Fantasy, la Chronique Insulaire est un véritable récit mythologique. C'est en effet une histoire chargée de symboles, racontant l'origine du Monde, la création des dieux, celle des créatures qui peuplent ce Monde, et les faits qui font que cet Univers est tel qu'il est aujourd'hui.

Encore est-il que le terme "Univers" est un peu réducteur puisque Claire Panier-Alix nous parle plutôt d'un Multivers. Multivers physique dans un premier temps, puisque pas moins de trois Mondes parallèles (et même quatre dans Le Roi Repenti), et parfois transversaux, cohabitent dans l'imaginaire de l'auteur. Multivers mental dans un second temps, puisque bon nombre des héros de Claire Panier-Alix se retrouvent, volontairement ou non, dans des Mondes créés de toute pièce par leur imagination. C'est pourquoi, théoriquement, les possibilités de Mondes sont infinies.

Tout le récit est par ailleurs rempli de symboles. Le plus important d'entre eux est représenté par les dragons, omniprésents tout au long de la trilogie. L'auteur parle très bien de cette créature sur son site personnel : à la fois "Seigneur des Ténèbres" et "Gardien du Temps et de la Mémoire", c'est LA "créature sacrée entre toutes". Et c'est bien le personnage principal de la Chronique Insulaire.
Tout cela est narré de façon à ce que le lecteur ait une impression de véracité dans les faits qui lui sont contés. L'échiquier d'Einär, en particulier, avec ses phrases courtes (mais nombreuses) et ses transitions brutales, rappellent souvent les mythes et légendes issus de la tradition orale, amérindienne notamment. Les notes de bas de page ensuite, sous forme de gloses, visent à faciliter au lecteur la compréhension du texte et, surtout, donne un petit côté "recherche fondamentale" à une série de romans qui n'en demeure pas moins une oeuvre de Fantasy. Le ton, enfin, est d'une incroyable régularité dans l'onirisme et la nostalgie qu'il nous inspire.

La Chronique Insulaire n'est donc pas une oeuvre facile d'accès. L'imaginaire de l'auteur est complexe, son style riche, parfois ampoulé. En outre, à la multiplicité des Univers il faut ajouter le fait que toute l'histoire se déroule sur une échelle de temps colossale. Celle-ci n'est d'ailleurs pas toujours facile à cerner, en dépit des indications chronologiques au début de certains chapitres. Deux outils sont toutefois à la disposition de chacun pour bien comprendre toutes les subtilités de la Chronique Insulaire : la relecture pure et simple de certains passages, et le site personnel de l'auteur, qui fourmille d'informations sur son univers créatif.

Rappelons enfin que Claire Panier-Alix est jeune et qu'il s'agit de sa première oeuvre, en tout cas dans cette dimension. On sent d'ailleurs bien l'évolution du travail entre L'échiquier d'Einär et Le Roi Repenti, prouvant s'il est besoin que le nombre de pages n'est pas forcément un gage de clarté. Enfin, et ce n'est pas la moindre de ses qualités, la Chronique Insulaire a beau être inspirée (Charles Fort et Tolkien notamment), elle est aussi profondément originale. Pour une fois ce n'est pas antinomique.

Philémont

PRESENCE D'ESPRITS n°39

Talismag n°3, mai 2003


Un dieu rêveur, chroniqueur de son état, nanti d'un frère Maître des dragons que la nature humaine séduit... Voici une infime partie de ce qui compose La Clef des Mondes de Claire Panier-Alix. Ici, vous rencontrerez des héros, des Elfes, des Dragons, des mages, issus de l'ancien temps, des Rois et des Reines. Et bien entendu des centaures, faunes, licornes et immondes créatures que le pouvoir rend fous. Inutile de dire que cette fresque grandiose va vous séduire par son style, sa richesse et ses personnages récurrents auxquels on s'attache, surtout au dragon Bromatofiel... Mais je n'en dis pas plus, car je risque de décevoir l'heureux lecteur qui ouvrira ce livre pour la première fois.

Il plongera dans un univers étonnant et terrible à la fois, où la destinée de chaque être n'est pas toujours le fait des dieux... quoique...

Talismag n°3, mai 2003

Revue INTER-CDI, mars 2002


Einär est un immortel. A la différence de ses pairs, il rêve ; son pouvoir plus discret consiste en ce que chacun de ses rêves crée secrètement le cours de l'Histoire pour les hommes, pour les autres créatures, et pour les siens. Son dessein est de rompre le maléfice de Belthem sur son frère, se réservant alors la meilleure place dans ce nouveau monde. Page après page, il compose mentalement un immense échiquier dont il manipule les pions : héros humains, elfes, nains, dragons, magiciens. Il commence par priver le héros Duncan d'Irah de sa dernière heure pour lui faire prendre corps dans un jeune châtelain assiégé par l'armée du sorcier Guiderod, sur des terres inconnues et aux lois mystérieuses. Le châtelain décide d'appeler à l'aide le roi Danrit protecteur du royaume magique d'Hyriance, qui réveille alors Bromatofiel, le grand dragon endormi au pied de l'arbre Peridixion...

Une magnifique épopée au sein des mondes imaginaires de la fantasy, une trame à la fois complexe, subtile et magistrale s'étalant sur des milliers d'années (458pp et un second tome à paraître), des décors démesurés et variés, des tragédies humaines, des personnages complexes, un rythme haletant font incontestablement de ce premier roman une réussite. Un véritable enchantement qu'on conseillerait à tout non-initié, pour peu qu'il soit bon lecteur.

Revue INTER-CDI, mars 2002

Telglin, Cercle de Faeries, 2001

Einär, le dieu rêveur, décide de transformer le monde à son goût. Il met en place ses héros comme des pièces sur un échiquier. L'île de Modar'Lach va alors être le théâtre d'une invasion menée par le sorcier Guiderod qui menace d'anéantir le vieux monde. Pour faire face au danger, le roi elfe Danrit se met en route et reçoit le renfort inattendu des dragons qui se sont enfin réveillés. Mais le retour des légendes marque peut-être les derniers soubresauts du monde qui les a vues naître...

Commentaires :

Ceux qui apprécient peu les longues descriptions et les détours interminables seront ravis : ça va vite. Les événements s'enchaînent sans laisser le temps au lecteur de s'ennuyer. Un spectre décide d'invoquer un dragon, la ligne d'après le dragon est là. Et c'est bien agréable ! Pas de temps perdu. L'histoire, après un début un peu foisonnant (le temps de mettre les personnages en place) suit son cours sans heurt et recèle quelques trouvailles originales (ce qui n'est pas aisé dans ce genre prolifique).

Telglin, Cercle de Faeries, 2001

CASUS BELLI, 2001

...) Les éditions Nestiveqnen n'abandonnent pas pour autant la fantasy, puisque voici un premier tome du cycle Chronique Insulaire, qui s'annonce comme une robuste saga dans les règles de l'art difficile qu'est la high-fantasy.

Casus Belli n°10, 10/2001

FAERIES n°6, 2001



Le dieu Einär s'ennuie. Alors il rêve. Dans son sommeil, il conçoit une histoire, façonne un monde, et se complait à observer la vie de ses créatures. Mais ses actes ne sont pas innocents. Nostalgique, il aspire à réveiller les anciens dieux, dont son frère Wilfredion, le Seigneur des Dragons. Lorsque sa compagne - la divine Belthem - le quitte pour comploter contre lui, un gigantesque jeu d'échecs s'instaure, où chaque immortel va disposer ses pions avec préméditation, manipulant l'humanité vers une destinée inéluctable.

La Chronique Insulaire est une vaste fresque dont le récit s'étend sur quelques millénaires. A ce titre, et malgré les apparences trompeuses, sa structure déroutante s'avère judicieuse. Au lieu de focaliser la narration sur un personnage et une histoire, l'auteure nous dépeint une succession de scènes relativement courtes - habilement et tacitement reliées - dont l'engrenage contribue à renforcer la structure de l'ensemble.

Ce foisonnement d'idées et de détails est à la fois un bien et un mal.

D'une part, Claire Panier-Alix, il faut le savoir, développe son univers depuis plus de dix ans. C'est un travail minutieux, auquel elle se voue avec passion et délectation. Mais la complexité de l'oeuvre, tout autant que ces années d'écriture et de réécriture, engendre parfois des moments confus, voire quelques invraissemblances. Par exemple, l'emploi du terme "crucixifion" [ en vérité il n'y a pas de crucifixion dans le roman, et d'ailleurs, s'il y en avait eu, les romains crucifiaient bien avant JC, et le Conan d'Howard le fut aussi ! ]- fortement lié au symbolisme chrétien - détonne dans cet univers où le Christianisme, à priori, n'a jamais existé. Ou encore, la scène où le roi Danrit sort d'un souterrain à la tête de son expédition est répétée deux fois... et le point d'arrivée est différent d'un passage à l'autre [après vérification attentive, là encore il y a une erreur : il n'y a qu'une sortie, mais passage par une salle intermédiaire!]. S'il y a une logique derrière cette contradiction, elle n'est nulle part révélée. Dommage aussi que le rapport entre la sorcière Peridixione et l'Arbre aux Dragons (Péridixion) ne soit pas davantage expliqué - mais peut-être le sera-t-il dans un prochain volume ?

D'autre part, le lecteur avisé se délectera de cet ouvrage - en particulier les esprits les plus créatifs. L'Echiquier d'Einär abonde de milliers d'idées, pour la plupart originales ; certaines ne sont qu'ébauchées, embryonnaires. Il n'est pas rare de poser le livre pour réfléchir sur un petit détail à peine esquissé - parfois juste une courte phrase dans une note de bas de page !

Les personnages défilent à un rythme déconcertant, surtout au début, mais peu à peu l'intrigue globale se concentre sur un petit groupe - et notamment l'Ailé Akhéris, sûrement le personnage le plus fascinant du lot. Au fil des pages, on apprend son histoire, ses tourments... Âme torturée et meurtrie, le petit-fils de Duncan d'Irah va s'avérer un pion primordial dans le jeu d'Einär. Son portrait est brossé avec maîtrise, logique et crédibilité.

Tout au long du récit, on sent l'auteure complètement absorbée dans son univers et par ses personnages. On a presque l'impression qu'elle en oublie son lecteur. Du coup, pour la comprendre, celui-ci doit parfois faire des pirouettes et des efforts de concentration supplémentaires pour se mettre au diapason. Si ces exigences peuvent être un tantinet contraignantes, il en ressort au final un véritable plaisir de découverte et le sentiment d'avoir vécu une expérience unique.

On pense beaucoup à Tolkien - non pas au Seigneur des Anneaux, mais plutôt au Silmarillon, aussi bien pour ce côté un peu confus que pour son incroyable richesse. Les dragons et leurs cavaliers, par leurs relations et leur rôle, rappellent la Ballade de Pern de McCaffrey. Mais Panier-Alix transcence les similitudes pour imposer un style et une voix qui lui sont bien propres. Les passionnantes cent dernières pages, tout particulièrement, l'établissent comme une auteure importante qui saura marquer la fantasy française d'une empreinte durable.

On attend la suite avec impatience

(Alexandre Garcia, FAERIES 6, automne 2001)

LANFEUST MAG, 2001



Laode, roi de l'île de Ladé et héritier du royaume de Bramagor conquis par son père, a décidé d'en finir une fois pour toute avec Hyriance. Il lance donc ses troupes humaines à l'assaut du pays magique, domaine des elfes et des nains. L'acier affronte la magie et l'issue du combat est incertaine. Mais ce drame qui a tant d'importance pour ceux qui le vivent, n'est qu'un jeu pour le dieu-guerrier Einär.

Seul parmi les immortels, il a le pouvoir de rêver, et ces royaumes ainsi que leurs habitants ne sont que des créations de son esprit, des jouets entre ses mains. Mais voilà, même les dieux font des cauchemars et sont susceptibles de perdre le contrôle de leurs rêves...

Les héros d'heroic fantasy sont souvent les jouets du destin et des forces supérieures. Ici, plus que jamais, les rôles sont établis. Le combat des simples mortels pour leur liberté,la vraie, celle qui consiste à choisir son propre chemin, se fait donc au grand jour sans pour autant perdre de son intensité. C'est avant tout dû à l'écriture très évocatrice de Claire Panier-Alix qui fait naître des images avec précision au fil de la lecture, établissant un réalisme saisissant qui dynamite une oeuvre par ailleurs classique dans le genre. Voilà donc une nouvelle venue dans la fantasy française qui fera certainement parler d'elle. [Lanfeust Mag, 10/2001]

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