Fantasy & Fantastique

05 septembre 2007

Critique "LA CLEF DES MONDES"

Il y a peu, une chronique postée ici même, encensait Claire Panier Alix et son Echiquier d'Einar. Et franchement, il y a de quoi !!!Pour ma part, je considère cette auteure comme l’une des plus grande écrivaine de fantasy francophone. Elle insuffle dans son récit tout ce qui fait les grands mythes, tous ce qui fait le panache des grandes épopées. Et bien, ce n’est pas avec ce second tome des chroniques insulaires, La clef des mondes, que l’on va déchanter. Il y avait dans l’échiquier D’Einar, effectivement du Homère, du Anne Mac Caffrey et même du Moorcock. Et bien ici, il en est de même, mais en mieux encore ! Il y a du Shakespeare chez Claire Panier-Alix, un goût prononcer pour le tragique, les manipulations, il y a une imagination débordante qui en vient à créer un monde étrange, que dis-je des mondes étranges, qui se croisent, s’entrechoquent, s’aiment, se haïssent dépendent des uns, sans connaîtrent les autres etc… Bref, La clef des mondes, c’est le souffle des grandes épopées, c’est un chef d’œuvre !!
Le monde des dieux est maintenant bien distinct de celui des hommes, la scission c’est opérée et le dieux Einar qui jouait et rêvait au dépend des humains se trouve interdit de rêves. Mais voilà, son scribe Jehor en a décidé autrement…Il pénètre le sanctuaire ou se trouve le livre, ou dort Rana Ur et il réveille les mondes, recréer la jonction. Pour cela il se sert d’Heydrick lui insufflant de nouveaux souvenirs, le réveillant à une nouvelle vie. Mais en faisant cela c’est aussi autre chose que le jeune imprudent réveille.
Les dragons et leurs chevaliers le sentent, les mondes se rejoignent et avec eux, autre chose de maléfique, de dangereux…
L’aventure est lancée. Ne vous laisser pas avoir par les premières pages, laissez vous porter même si le début peut vous paraître un peu long, car après c’est fabuleux : dragon, complot, amour, trahison, mystique et encore tout un tas d'autres choses fabuleuses. C’est cela Claire Panier-Alix, c’est tellement vaste comme histoire et comme univers que ça en devient « irrésumable ».
Alors oui, l’histoire comme ça peut paraître complexe et je ne vais pas vous mentir, ce n’est pas Harry Potter ! Mais c’est tout a fait accessible, La clef des mondes est à la fois une œuvre populaire et intelligente, à la structure complexe, du fait de la complexité de l’univers même de Claire Panier-Alix, mais c’est aussi et surtout une œuvre magistrale. Elle vous amènera à réfléchir tout en suivant des aventures passionnantes.
Chaque élément est subtilement mis en place, comme un puzzle fabuleux et gigantesque. C’est à se demander comment l’auteure a fait, ou elle est allez chercher tout ça.
Un personnage traverse cette œuvre. C’est Heydrick qui va partir en quête de la clef des mondes pour tenter de rétablir la paix et l’unité. Comparaié aux autres personnages des chroniques insulaires, je dirais que sa personnalité est moins complexe. Mais il est cependant révélateur d’idées fortes. Le pauvre, imaginé cet homme, qui ne demandait rien à personne et qui va connaître une destinée héroïque malgré lui, rencontrer les dieux et les dragons, pénétrer des contrées qu’il ne soupçonnait même pas, devoir affronter des esprits et même parfois se sentir perdu. En faîtes avec ce personnage, Claire Panier-Alix pose la question de la liberté. Si au début Heydrick est emprisonné, il brise ces chaînes, mais va-t-il être libre pour autant ? Qu’est ce qu’être libre ? D’autant plus quand les dieux et les forces du chaos entre en scène ! Le destin existe-t-il ? La liberté est elle possible ? A vous de lire ce roman et de me dire…
Dans les pages de La clef des mondes, il y aussi « quelque chose » de mystique, de magique. Ici n’est pas mort ce qui a jamais dort, dans la plaine des dragons, on peut encore voire les vieux héros, les grands chevaliers, on peut leur parler. C’est comme une transe, comme une forme de chamanisme et c’est tout simplement, fabuleusement bien mis en scène par l’auteur puisque l’on pénètre l’intérieur des dragons, dans leur plaine intérieur. On souffre avec les personnages, on vit avec les personnages et enfin de compte lire ce livre c’est savoir qu’il ne nous quittera plus !
La clef des mondes est remplit de lutte et de combats mais ils ne se passent pas tous à coup d’épées ou de haches, il faut aussi contrôlé une certaine magie et même en contrôlant cette magie, même en trouvant la clef des mondes, doit on l’utiliser, est on réellement libre encore une fois ? L’histoire que nous raconte Claire Panier Alix est une vraie quête intérieur, une recherche de soit qui passe nécessairement par des aventures nombreuses et multiples, le tout, soutenus par une plume fabuleuse, tantôt poétique, tantôt dure, mais qui sait toujours se montrer plus qu’efficace et décrire avec brio les situations et les décors. L’auteure est vraiment habitée par son monde et par ses personnages.
Alors qu’est ce que Jehor a libéré en regroupant les mondes dieux et des Hommes ? Qu’elles créatures démoniaques vont se mettrent en barrières de sa route ? Qu’est ce que les dieux dragons vont faire d’Heydrick ? Seront-ils cléments avec lui ou subira t’il le même sort qu’Akhéris et Duncan d’Irah ?
Vous le saurez en lisant ce roman, que dis-je ce chef d’œuvre, bien plus sombre encore que le premier tome, voire pessimiste mais c’est aussi un monde qui n’a pas de frontière ou les âmes voyages et peuvent changer de corps et de monde. C’est un roman fort, c’est repousser son imagination encore plus loin pour le plus grands des plaisirs. A bientôt pour le tome 3, encore plus époustouflant et surprenant!

10/10

Mes pensées à Rémy « Cortman » fan de CPA devant l’éternel avec qui on va créer le « Einar’s Fan Club » (Dépêche toi de finir le tome 3 l’ami, tu vas être surpris !).

12 mai 2007

Sang d'Irah : blog "Plumes Sauvages"

Encore un roman rapporté de ma virée parisienne qui m'a rendue insomniaque. Pourtant, peu après son achat, on a essayé de me faire peur en me disant que plusieurs personnes n'étaient pas parvenues à lire cette auteur. C'est là qu'on se rend qu'on que d'une personne à une autre, l'approche d'un ouvrage peut vraiment varier à 180 °.
Car j'ai adoré le style, tout simplement !

"Sang d'Irah" est une superbe fresque, très prenante, avec des personnes aux destinées et aux caractères impressionnants, finements retranscrits. Pas de bons ou de méchants ici, rien de manichéens et c'est bien ce qui me plait. Même dans leurs pires actes, les personnages ont leurs raisons d'agir, tour à tour émouvants, pathétiques, convaincants, passionnés, autant de destins qui se percutent pour le meilleur et le pire, plongeant parfois les êtres qui leurs sont le plus chers au bord de la folie ou de la mort. Sans même parler des véritables chocs culturels, par exemple lors de l'apparition de Nicolas, puis de son retour avec des idées 'modernes' qui ne peuvent trouver échos à Nopalep, île hors de l'espace et du temps qui n'a pas évolué depuis des siècles. C'est bien ce que nous décrit l'auteur, une île continent qui sort de son inertie, ce qui entraîne la chûte prévisible de civilisations entières. Elle a superbement rendu, à mon avis, la mélancolie de ces personnages qui prennent conscience qu'avec leur fin c'est un mode entier de croyances et de coutumes qui périclyte.

Et au milieu il reste Duncan, droit et entier, homme d'un autre âge qui pousse l'admiration même chez ses ennemis.

J'ai eu une chance énorme, pouvoir parler de ce livre avec son auteur après l'avoir lu, sur le forum Littérature Fantastique. D'ailleurs, je ne me suis pas cassée la tête, cet article est ni plus ni moins mon ressenti "à chaud" de ce que j'y avais décrit (je suis une feignasse, je vous l'ai déjà dit !).

J'avais donc ajouté une note pour l'auteur sur le forum, dans laquelle j'avouais que je ne savais que répondre à la question posée en dédicace sur le roman lors du salon du livre de Paris... La question était tout simplement de savoir quel serait mon personnage préféré... et si je me retrouverais dans la reine Maryanor.
J'avoue que le personnage de Sail est particulièrement "grand", se dépassant et se consumant par amour des siens, mais tous sont si bien cernés que j'ai éprouvé un réel plaisir à les suivre, même lorsque leurs décisions étaient réellement contestables. Tous ont leurs forces et leurs faiblesses, ce qui les rend à la fois attachants et répugnants. Une belle galerie de personnages !

Je découvre cette auteur donc je ne m'avancerai pas sur ses autres romans. Ca m'a quand même fait une drôle d'impression d'arriver à la fin et de découvrir qu'une suite est prévue, car c'est déjà un roman très dense (je ne suis pas amateur de multilogies). Ce qui est très agréable c'est que l'auteur ne coupe pas la lecture, du genre "à suivre" en plein milieu d'une action. Elle a traité son livre comme un one-shot, ce qui est très respectueux des lecteurs, tout en mettant en place la génération suivante, donc évidemment, pour ceux qui ont aimé, ça met l'eau à la bouche...

Bon, j'ai beaucoup causé là, mais j'imagine Sieglind ou Adu me tomber dessus en me disant "c'est bien mais... ça parle de quoi ?"

Au tout départ, le Prince chevalier Duncan d'Irah rend visite à sa très jeune fiancée la reine Maryanor (alliance politique décidée quand elle était au berceau, mais qui à la grande surprise de tout le monde s'est changée en une véritable passion, arrête de glousser Sieglind, oui on se doute que ce n'est pas une visite de courtoisie).
Le Prince est dans une position délicate car ce mariage peut permettre au royaume de sa douce d'absorber le sien, il a donc déjà pris ses précautions de ce côté. Du coup il sait que cette alliance n'est plus aussi avantageuse aux yeux des dirigeants du royaume de Nicée.
Il a cependant confiance en se rendant auprès de sa dulcinée à sa demande. Mais il déchante car elle a quelque chose de terrible à lui apprendre (de préférence en public devant l'ensemble des pontes du royaume, merci l'humiliation). Car la Reine est aussi la grande prêtresse de Soral, dont le culte règne sur le royaume de Nicée, et le Kassapu (prêtre) de ce culte est parvenu à la convaincre qu'elle devait annuler ses fiançailles pour réaliser le Grand Partage avec le roi Sail, véritable homme-Dieu d'Orkaz, contrée désertique du sud qui s'est allié aux Trolls Lycanthropes du nord dans l'espoir de pouvoir récupérer eaux et terres arables. Le Grand Partage est une cérémonie qui a permis aux Reines, sur des générations, de plier à leur volonté des hommes pour absorber leur peuple et leurs terres en évitant les conflits armés. Mais cette pratique n'a plus eu lieu depuis très longtemps car elle est assez "politiquement incorrecte" (lisez le livre pour avoir les détails !).
Cette décision va avoir des conséquences terribles. Duncan, décidé à rester fidèle à son lien de vassalité, va lui-même livrer le roi Sail à Maryanor, mais cette dernière va suivre son idée et réaliser le Grand Partage malgré tout. Ce que Duncan ne voit pas, c'est que la jeune Reine vit en réalité dans la peur, qu'elle est beaucoup plus solitaire et fragile qu'il n'y parait. Ce qu'elle va faire et subir au cour de la cérémonie et dans les mois qui vont la suivre sera lourd de conséquences...
Ceci n'est que le tout début du roman et je n'en dirai pas plus !

La superbe couverture est signée Luis Royo, elle est à tomber, n'est-ce pas ? Il y a des auteurs qui ont de la chance !

c'est sur http://www.plumes-sauvages.net/article-10354469-6.html#anchorComment (cliquez sur le titre...)

05 mai 2007

INTERVIEW : Phenix Mag 14


Phénix Mag n°14 est maintenant en ligne avec ma dernière interview en date.

Avec des entretiens de :
Lucie Chenu
Nicolas Cluzeau
Mélanie Fazi
Alexander Irvine
Serge Lehman
Philip Le Roy
Alexis Lorens
Emmanuelle Maïa
Claire Panier-Alix
Virginia Schilli
Erik Wietzel

téléchargeable sur :


http://www.phenixweb.net/Numero-14

21 avril 2007

SANG D'IRAH : Roanne (psychovision.com 21/04/2007)


message lu ce matin sur le forum psychovision.com (lien en cliquant sur le titre ci-dessus), signé Roanne

"Je l'ai terminé cette nuit (3h30 du matin, de mieux en mieux, c'est quoi ces écrivains qui rendent leurs lecteurs insomniaques, non mais je vous jure ?).
C'est une superbe fresque, très prenante, avec des personnes aux destinées et aux caractères impressionnants, finements retranscrits. Pas de bons ou de méchants ici, rien de manichéens, et c'est bien ce qui me plait. Même dans leurs pires actes, le persos ont leurs raisons d'agir, tout à tout émouvants, pathétiques, convainquants, passionnés, autant de destins qui se percutent pour le meilleur et le pire, plongeant parfois les êtres qui leurs sont le plus chers au bord de la folie ou de la mort. Sans même parler des véritables chocs culturels, par exemple lors de l'apparition de Nicolas, puis de son retour avec des idées 'modernes' qui ne peuvent trouver échos à Nopalep, qui n'a pas évolué depuis des siècles. C'est bien ce que nous décrit l'auteur, une île continent qui sort de son inertie, ce qui entraîne la chûte prévisibles de civilisations entières ou de mode de fonctionnement. Elle a superbement rendu, à mon avis, la mélancolie de ces personnages qui prennent conscience qu'avec leur fin c'est un mode entier de croyances et de coutumes qui périclyte.
Et au milieu il reste Duncan, droit et entier, homme d'un autre âge qui pousse l'admiration même chez ses ennemis.
Note pour l'auteur : je ne sais que répondre à la question que tu m'as posée en dédicace sur le roman lors du salon du livre de Paris... J'avoue que le personnage de Sail est particulièrement "grand", se dépassant et se consumant par amour des siens, mais tous sont si bien cernés et 'disséqués' que j'ai éprouvé un réel plaisir à les suivre, même lorsque leurs décisions étaient réellement contestables. Tous ont leurs forces et leurs faiblesses, ce qui les rend à la fois attachants et répugnants. Une belle galerie de personnages !"


et un autre sur le forum raxxon

09 avril 2007

News diverses

Marc Bailly m'a interviewée au salon du livre de Paris pour la revue Phénix, à paraître...

Le conservateur du fond français de la bibliothèque nationale va ouvrir un fond à mon nom où figureront mes manuscrits, carnets, annotations, cartes, pour sang d'Irah et la chronique insulaire. Je vais lui envoyer tout cela prochainement, avec, pour l'Echiquier d'Einär et Sang d'Irah, les versions intègrales (tous les passages qui ont été coupés, dont les fameuses 60 pages manquantes de Sang d'Irah).

J'ai participé à une table ronde qui était rectangulaire, ce dimanche 8 avril 2007 à Mons (Belgique), avec Stan Nichols, sur l'influence de Tolkien sur la fantasy moderne. Débat fort intéressant...

COMPTE-RENDU FESTIVALS

(photo (c) Mélanie Fazi)

Il est des périodes où rien ne va, où l'on a du chagrin, où la météo est devenue folle, où les collègues de travail méritent plus de baffes que les élèves, où l'on est triste, où l'on resterait bien sous sa couette, et où l'on ne pense qu'à dormir, ne plus se réveiller...

Heureusement, j'ai un atout de taille, une sorte de joker qui sauve à tous les coups :

non, ce n'est pas l'écriture... Elle, c'est ma soeur de déprime, ma soupape, ma squizo perfide.

non, c'est mieux que ça : les amis.

Et des amis, j'en ai beaucoup. Des vieux amis, qui savent vous porter et vous dérider en toutes circonstances. De ces vieux frangins de longue date, ceux qui partagent, qui savent, qui ont aussi leurs galères, mais à qui on n'a pas besoin d'en parler, parce qu'on se comprend, et qu'on sait que ce qui compte, quand on est ensemble, c'est de refaire le monde, de faire des pieds-de-nez au monde et aux cons qui le peuplent, c'est de délirer, de savoir reconnaître dans les bizarreries qui nous entourent ces petits riens qui vont vous stimuler, vous faire rire, vous faire réfléchir, vous donner des idées saugrenues...

Ces 4 dernières semaines, bien que j'aie dû annuler deux séances de dédicace parce que j'étais trop mal, j'ai participé à 3 salons.

MOURMELON (Dampierre en Champagne), qui m'a permis de rencontrer des auteurs jeunesse, de retrouver le dynamique et achtement sympathique Philippe Halvick (l'un des rares qui soit capable de prendre une photo de moi où j'ai une figure humaine, celle qui illustre ce blog), et de papoter avec de nouveaux lecteurs, et leurs parents (je salue ici la maman de Quentin, qui se reconnaîtra si elle repasse sur ce blog, et que j'embrasse fort. M'ame, vous ne vous en rendez pas compte, mais votre enthousiasme et votre gentillesse, c'est quelque chose ! j'espère que le concert des Naheulbeuk, samedi soir, vous aura plu, vous que j'ai retrouvée à Mons 3 semaines plus tard !)

LE SALON DU LIVRE DE PARIS : incontournable rendez-vous annuel qui me permet de retrouver ma deuxième famille, les Nesti.

et ce weekend, TROLLS & LEGENDES, à Mons (Belgique) : comment décrire le plaisir de retrouver la chaleureuse amitié de Philippe Ward, écrivain et grand manitou des éditions Rivière Blanche; celle de Sylvie Miller (voir photo), qui repértorie avec la rigueur qui la caractèrise les cyclotronnesques dérives de notre triste monde. Ces deux-là vont sortir prochainement un recueil de nouvelles écrites à 4 mains, j'aurai l'occasion d'en recauser. Qui d'autre ? Jérôme "Globullllle" Lamarque (un L ? deux L ? rien que pour le faire râler je ne trancherai pas), calme réfléchi et grand ami qui tempère tout et sait si bien relire mes premiers jets... Laurent Whale (bon lui, c'est un gredin, et en plus il écrit de la SF. Mais j'ai le droit d'aimer les gredins aussi), Mélanie Fazi (heureusement pour les autres, elle écrit peu, parce qu'elle écrit si bien, ses textes sont si forts et denses, que la concurrence en deviendrait insupportable :-)) et l'inénarrable Hystrion, Christophe Besly, dont les avis sont la plupart du temps plus que justes. Et comment évoquer tout le monde ? Michel Borderie, Alain le Bussy, Denis Labbé...

lors de ces festivals, les batteries se rechargent. On n'y va pas pour vendre des bouquins. On y va pour retrouver les potes, je viens de le dire, mais surtout pour rencontrer les lecteurs. C'est réconfortant, rassurant, régénérant. Indescriptible. Bien sûr, il y a la satisfaction de faire découvrir à des inconnus, dans l'espoir qu'ils aimeront et voudront bien lire la suite. Mais avant tout, il y a les retrouvailles. Ces lecteurs qui font le déplacement pour vous seriner : "alors, quand sortira le dernier tome ?", pour vous expliquer qu'ils ont été touchés par votre travail, ou pour se jeter sur les tomes qu'ils n'ont pas réussi à dégotter en librairie (putain de diffuseur !). Ceux qui passent juste pour vous saluer, avec un petit "celui-là, j'ai beaucoup aimé" et qui n'en disent pas plus, aussi intimidés que vous.

et puis il y a des rencontres, émouvantes, avec des "pointures", et cette réalité qui se confirme à chaque fois : ce weekend, j'ai rencontré Alan Lee et Stan Nichols, immenses, humbles, adorables... alors que je connais tant et tant de soi-disant auteurs (un volume publié chez Tartempion, peu ou pas du tout distribué, et qu se donnent de l'existence sur les forums ou autres blogs) qui se la racontent, et qui sont odieux de bêtise, de prétention et de mythomanie.

Ah...

Il est des périodes où rien ne va, où l'on a du chagrin, où la météo est devenue folle, et dans ces périodes-là, ça fait du bien de sortir de chez soi, de chausser ses bottes d'auteur en vadrouille, de partir à l'assaut des festivals bruyants, surpeuplés, où vous avez soit trop chaud, soit trop froid, où on vous donne de la bière quand vous rêvez d'un café, où vous ruminez que vous préféreriez être dans votre lit, alors qu'au fond, il n'y a rien de meilleur que ces dédicaces, ces délires, ces discussions, ces embrassades, ces clins d'oeil, ces ragots, ces échanges pleins de chaleur.

Merci à tous

et un spécial merci à Valérie Frances et à son équipe : ce festival Trolls et Légendes 2007 fut une réussite de plus, et j'en garderai un souvenir vivifiant.

05 avril 2007

lu sur le forum du fanzine RAXXON



lu sur le forum RAXXON : http://www.raxxon.com/Forum/viewtopic.php?p=52665&sid=6e5ff8073b22943838184796772d1124

Henry Jones,Jr. a écrit:
est-ce que les auteurs français péchent au niveau du worldbuilding ?

Je réponds tout simplement NON.
Claire Panier Alix est le parfait contre-exemple : dans La Chronique Insulaire, sa trilogie, elle a fait plus que de simplment créer un univers, elle a construit de toute pièce un MULTIvers, et de plus gigogne ( les s'emboîtent les uns dans les autres )...
Pour résumer TRES grossièrement, je dirais que Claire Panier Alix est la Tolkien française. Mais ça reste très superflu.
Tolkien a créé de toute pièce un univers de fantaisie, et en a rédigé l'histoire complète à travers le Simarillion, Les Contes et légendes inachevés, etc...

C.P.A. a elle aussi conçue de toute pièce, mais ce qui est d'autant plus intêressant, c'est que ce n'est pas un univers, mais un multivers. Et qui plus est gigogne ( je l'ai déjà dit dans le message précédent ).
Son Multivers gigogne, donc, est bien plus que deux ou trois mondes ( elle en exploite même quatre, me semble-t-il ), mais elle dit elle-même que cela ne s'arrête pas ici.
L'elfe Jehor ( le spécialiste en la matière dans son oeuvre ), explique le fonctionnement de la Clé des Mondes ( livre 2 ) : il existe une infinité de mondes différents ou semblables, baignant tous dans le même océan ( définissant par là l'unicité de la vie et des lois physiques ). Mais en parallèle à cela, le propriétaire de la Clé des Mondes, lorsqu'il utilise celle-ci, peut inventé au gré de son esprit, de ses humeurs et de son subconscient/incoscient, d'autres mondes encore plus extravagants.
En plus de cette clé, le livre intitulé la Chronique écrit par le dieu-rêveur ( il rêve le futur du monde, et le retranscrit dans son livre ) possède également ce pouvoir de création de mondes, mais le livre possède étrangement sa volonté propre.
Au final, l'infinité de la création de C.P.A. est d'autant plus immense, que l'esprit créateur est imaginatif. Elle même laisse libre cours à une éventuelle suite qui ne sera pas écrite de sa main, mais imaginée par les nombreux lecteurs.

Je pense que par là, C.P.A. se démarque de tous les autres auteurs pour se placer au même niveau que Tolkien ou d'autres encore : créatrice parmi les créateurs...

05 mars 2007

SANG D'IRAH : ESAU CAIRN

L’accroche du roman est très intrigante, malgré un scénario on ne peut plus classique pour planter le décor. En effet si l’auteur se soumet à l’exercice imposé du cadre géographique, beaucoup de recul est pris avec les contraintes du genre. S’il faut bien imaginer des îles exotiques, situons les à l’est, appelons-les « Iles Levantines », mais laissons-les donc dériver à leur guise. Des contraintes certes, mais sans non plus limiter notre plaisir. La pirouette est plaisante et laisse augurer de bons moments.
Autant pour le lieu, présentons les protagonistes. Avec une belle mise en scène, qui ne verse pas dans l’épique, mais plutôt dans la tension sauvage et barbare. Une tension qui atteint des sommets, notamment à la fin du second chapitre, bien servie par un souffle aride et une écriture sèche qui étreint le lecteur. Celui-ci attend l’arrivée du héros avec impatience - l’apparition d’un Francis Xavier Gordon ou d’un certain Cimmérien ne surprendrait pas tant l’atmosphère est proche des meilleurs textes Howardiens. Le lecteur est prévenu ; âme sensible passe ton chemin, Claire Panier Alix a d’autres Trolls à démembrer, l’influence est revendiquée. Et pourtant …
Arrive donc le héros : Duncan d’Irah. De noble lignée ce Duncan ! Il tire son essence d’un rien d’Aragorn (c’est un sacré compliment, vous ne trouvez pas ?), d’un héritier caché d’Arthur Pendragon, avec un soupçon de caractère indomptable qui pointe sous l’armure, et son destin est forgé par les plus funestes prédictions contre les royaumes civilisés. Notons que la notion de civilisation est ici ambiguë et l’ombre de Xuthal plane, pardon, je m’égare au pied d’un Colosse Noir, sous les portes de la Citadelle Ecarlate, Thugra Khotan m’a ensorcelé, et Khosatral, le Diable d’Airain, me poursuit. Ducan donc, dont le destin, car les Dieux de Jade lui ont accordé la malédiction de vivre dans une époque de fureur, commence où s’arrête parfois celui des héros d’autres sagas. C’est en roi et non en simple mercenaire qu’il doit combattre la menace surgie du fonds des âges archaïques de Trolls lycanthropes monstrueux, tout en déjouant les sombres complots du clergé omnipotent de Nicée. Ne soulevons pas trop le voile du mystère, passons donc sous silence le charismatique Sail, l’Homme-Dieu. « Et l’homme créa un roi » aurait-on pu graver sur son monument funéraire.
Claire Panier-Alix prend un malin plaisir, et nous une délectation immense, à nous surprendre sans cesse, brouillant les pistes et semant son intrigue de rebondissements à contre-pied des standards, nous captivant toujours plus, nous transportant au plus profond d’un récit envoûtant aux péripéties inattendues et pleinement assumées, avec une vigueur et une fougue qui nous tient haletant d’un chapitre à l’autre. Le récit tout en fureur épique est ponctué par de belles envolées lyriques, rares, mais qui s’apprécient d’autant plus. Qu’il me suffise d’ajouter que cette fresque enthousiasmante recèle quelques pépites ciselées dans l’action la plus pure et les cœurs hardis prendront d’assaut les étals des libraires.
Ce roman s’apprivoise peu à peu, révélant paradoxalement assez pudiquement qu’il est beaucoup plus complexe qu’initialement supposé. Les influences multiples décelées dans les premières (centaines de) pages sont surmontées pour produire une tonalité atypique, farouche et impérieuse. Le roman trouve naturellement un second souffle dans une peinture humaine que les auteurs classiques les plus exigeants n’eussent pas reniée. Nul doute que la voix de Claire Panier-Alix ne puisse résonner à l’unisson de ses consoeurs, tant son écriture et son art du récit sont mâles, et sa connaissance des tréfonds de l’âme, intime Les promesses contenues dans ce roman sont fort alléchantes, et si la personnalité de l’auteur est déjà très affirmée, je pense pourtant que nous sommes néanmoins loin d’avoir tout lu.
Un regret, un seul : ne pas avoir lu ce roman plus tôt.

lu sur http://www.triliock.com/forum/viewtopic.php?p=11886#11886

07 février 2007

GEANTE ROUGE 6



À PARAÎTRE le nouveau numéro de la revue Géante Rouge pour lequel la rédaction m'a demandé de commenter les nouvelles au sommaire.
Un entretien de votre servante, un article sur Sang d'Irah et un extrait de Sang d'Irah 2 sont également au programme.

Si un numéro de GEANTE ROUGE vous intéresse : c'est très simple. Il vous suffit d'envoyer des timbres du pays où vous résidez pour l'équivalent de 3 euros ou un peu plus (en France : 6 timbres courants). Ou encore de vous abonner (12 euros, port compris pour 4 numéros), par chèque ou virement

Géante rouge
34 rue Jean Jaurès
59135 - Bellaing
http://page-sf.monsite.wanadoo.fr/page1.html