Fantasy & Fantastique

09 mars 2010

SANG d'IRAH par Mythologica.fr

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Préquelle à la Chroniques Insulaire, Sang d’Irah avait sa propre légende avant même sa sortie, puisque sa naissance est le fruit de la surprise de Claire Panier-Alix lorsqu’elle apprit que Duncan d’Irah, « l’archétype du chevalier arthurien qui meurt au début de l’histoire », est le personnage préféré de ses lecteurs. Une belle légende et le respect des désirs du lecteur suffisent-ils à faire un bon roman ? C’est ce que nous allons tenter de savoir tout de suite…

Nous parlions récemment des auteurs francophones, et bien, pour moi, Claire Panier-Alix est presque l’archétype de l’auteure française car son écriture possède quasiment toutes les particularités propres à la littérature de notre pays : la présence des ellipses inconnues aux anglo-saxons, les descriptions, la plongée dans la vaste palette des sentiments humains, et quelques mots qui fleurent bon le Moyen Âge savamment disséminés au fil du récit.
Sang d’Irah est centré autour du personnage de Duncan, dont la personnalité transpire tout au long de l’histoire. L’auteure dédie son roman aux peintres préraphaélites, et ce n’est pas peu dire qu’ils l’ont inspirée puisque l’ensemble du récit est une vaste succession de tableaux fabuleusement dépeints, ponctués ici et là de scènes fortes et marquantes qui font qu’ « imaginer » (on parle au sens premier : mettre en images) Sang d’Irah est un réel plaisir. Un réel plaisir toutefois entaché par un défaut récurrent aux romanciers de fantasy français, presque « le défaut des qualités », pourrait on dire : l’action manque et les batailles n’ont pas ce souffle épique qui imprègne pourtant tout le reste du récit si l’on s’y laisse emporter, dommage car n’eurent été ces longueurs, Sang d’Irah est un pur roman dans la tradition chevaleresque médiévale, qui se lit facilement grâce à un vocabulaire accessible à tous, et où les moments de bravoure, qui savent se faire attendre, sont des plus plaisants. Les liens qui unissent Duncan à Maryanor ne sont pas sans rappeler d’autres célèbres couples médiévaux, comme Tristan et Iseult. Ainsi, je ne doute pas que ceux qui ne pourront pas accrocher à l’histoire et à ses personnages très profonds mais néanmoins classiques de la fantasy risqueront de s’ennuyer.
J’avais été un peu rebutée par le résumé du roman qui nous dépeint sobrement trois pays et une province, laissant présager un scénario fort simple. Et bien, les intrigues politiques sont parfaitement menées malgré un tout petit royaume et un faible nombre d’intrigants, entre prises de pouvoir, reconquêtes et une étonnante intervention extérieure qui amène bien des questions, malgré un scénario finalement classique, le roman est conçu de telle façon que l’on a presque l’impression de connaître intimement chacun des personnages, avec ses qualités et ses défauts, et que l’on se prend à aimer les plus méprisables d’entre eux, comme la reine Maryanor. En effet, il n’y a pas dans Sang d’Irah de gentils ni de méchants (si l’on excepte le culte du Jade), et tous les personnages sont en demi-teinte, chacun avec sa part d’ombre et de lumière, tout comme, finalement, ces tableaux dont je parlais tout à l’heure. La scène finale du roman est également très touchante, et rappelle immanquablement celle du Seigneur des anneaux.
Sang d’Irah est un roman qui saura aisément séduire les amoureux de grandes fresques amoureuses médiévales sur fond de manipulations politiques et de grandes batailles, mais qui rebutera sans doutes ceux qui recherchent de l’action à l’anglo-saxonne tambour battant.
Tsaag Valren
Sang d'Irah
Claire Panier-Alix
Editions le Pré aux clercs
19€

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